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Comment je confectionne des chapeaux avec la laine des moutons

par | Mai 24, 2023 | 0 commentaires

Est ce que tu sais comment je fabrique les chapeaux avec la laine des moutons ?

Je vais lever le voile pour éclaircir ce mystère.

Je vais t’expliquer comment  je fais pour transformer la laine de mouton en un chapeau fini ?

La tonte

La première chose à faire pour avoir de la laine, c’est d’abord de tondre le mouton.
Le tondeur se déplace de ferme en ferme quand il y a de nombreux moutons à tondre. En général, il fait ça avec une tondeuse électrique. Pour plus de confort, il se suspend par une sangle sous les bras et il tient le mouton entre ses jambes. Souvent, ils font aussi à même le sol.
Pour les moutons de mon ami, c’est son mari qui les tond avec des ciseaux spéciaux.
Les moutons sont ravis de se débarrasser de ce lourd manteau. En effet, la laine sale pèse beaucoup sur le dos des bêtes.

Est ce que tu as déjà assisté à la tonte des moutons ? Si tu as l’occasion de le voir, je te le conseille vivement. La dextérité et la vitesse du tondeur expérimenté sont surprenantes.

Le lavage

Quand je récupère la laine, elle est « dans son jus ».

Je la stocke et je ne la lave que lorsque mon stock de laine propre diminue. Le fait de la garder sale la protège des mites qui sont les pires ennemis de la laine.

Au moment de me servir dans un sac, j’étale la laine sur la table et je trie les parties sales. Je retire les crottes, les herbes et les morceaux qui ne me semblent pas bien pour le feutrage. Je jette les déchets au compost ou autour de mes plantes comme protection contre le gel. C’est dans ces paquets de laine que les oiseaux viennent se servir pour faire leur nid.

As tu déjà touché la laine sur le dos des moutons ? La laine est grasse mais douce.

Pour avoir un travail plus confortable, j’effectue le lavage par petites quantités.

Le premier bain est la partie qui élimine le plus de déchets et redonne à la laine sa couleur blanche. En effet, quand je la sors des sacs, elle est franchement marron certaine fois. C’est une partie du traitement que j’aime bien le lavage. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, j’aime bien tremper mes mains dans l’eau de lavage.

En effet, quand on lave la laine, elle perd la lanoline qui se disperse dans l’eau. La lanoline était utilisé autrefois comme excipient pour les pommades. (J’ai bien appris mes leçons lors de mes études de préparatrice en pharmacie. La lanoline peut absorber 3 fois son poids en eau.)

Ça permet d’avoir les mains douces. C’est comme si on trempait les mains dans de la pommade.

Il faut plusieurs bains pour obtenir de la laine propre. Je profite des bains pour retirer encore des déchets de plantes.

Le séchage

Une fois que la laine est lavée, je la fais sécher dehors au soleil quand il fait beau. Sinon j’étale la laine sur le sol sur des serviettes en tissu éponge dans ma véranda. Quand la laine est sèche, je le sais vite car le chat a la fâcheuse tendance à aller s’y coucher dessus.

La teinture

Après je teins la laine ou je la garde naturelle.

Chaque coloris de mes chapeaux est fait à l’atelier. Pour faire les couleurs de mes chapeaux, j’utilise de la teinture pour protéines avec du vinaigre blanc. La quantité de teinture est infime. Je ne fais pas de grosses quantités en même temps pour garder le coté unique de la création.

Je fais bouillir la laine jusqu’à ce que l’eau de teinture soit transparente. La laine a absorbé toute la couleur. Pas de dégorgement au rinçage. C’est parfait. Je peux l’utiliser pour mes créations.

Comment tu trouves mes couleurs ?

Donnes moi ton avis dans les commentaires.

Moi, j’adore les couleurs qui « pètent » . Depuis toute petite, j’adore mettre des couleurs dans mes tenues. J’ai essayé à une époque de rester sobre car on me reprochait d’être trop voyante. Après on m’a dit que j’étais trop terne dans ma période marron.

C’est surtout que l’on reproche à l’autre ce que l’on ose pas soi même. Je suis revenue à mes goûts pour l’originalité.

Le cardage

La cardeuse à balancier ou à matelas

Pour pouvoir travailler la laine, il faut l’écharpiller puis la carder. C’est à dire qu’on écarte les fibres agglomérées durant le lavage avec un outil ancien qu’est la cardeuse à matelas ou à balancier et ensuite on les peigne pour les aligner avec la cardeuse à rouleaux.

La cardeuse à matelas ou cardeuse à balancier a des gros clous inclinés qui retirent les nœuds et font avancer la laine jusqu’au sol où je la récupère dans un carton.

J’utilise une cardeuse à matelas que j’ai trouvé dans le grenier d’un ancien matelassier dans les Landes. La vieille dame qui me l’a vendue, était très contente qu’elle resserve et ne finisse pas comme beaucoup comme décoration dans une maison de campagne. Je crois que c’était celle de son papa. Je lui ai juste changer le ressort qui était cassé mais elle est restée dans son jus après un bon nettoyage.

La cardeuse à rouleaux

La cardeuse à rouleaux permet de peigner les fibres et de les aligner dans le même sens.

La laine naturelle passent entre les 2 rouleaux. Les déchets tombent dans le bas entre les rouleaux. La laine s’accroche sur le gros rouleau et l’on récupère encore des déchets qui restent accrochés aux dents. Même après 3 passages, il en reste encore que l’on peux retirer lors du feutrage.

J’utilise aussi la cardeuse pour faire des mélanges de couleurs

Une fois que la laine est cardée, j’aime aligner mes couleurs. Elles ressemblent à des nids de douceur. On a envie de les toucher. Si tu veux les toucher, tu peux t’inscrire à un atelier de feutrage ou de filage.

Quand je retire la nappe de la cardeuse, j’en fais des boules qui pèsent à peu près 40 à 50 g. Ce n’est pas très régulier. Tout va dépendre de la quantité de laine que je passe. Si je suis en forme, j’en passe plus que quand je suis fatiguée ou que j’en ai trop fait dans la journée et que j’en ai marre 😅

Le feutrage

Poser la laine

Pour faire un chapeau, j’utilise 4 à 5 boules.

Ce que j’aime le plus, c’est la pose de la laine. C’est à ce moment qu’intervient ma créativité. Chaque fibre de laine est délicatement posé en plusieurs couches afin d’obtenir la forme d’un cône. Cette partie est longue car il faut que la pose soit régulière et équilibrée.

Avoir une bonne épaisseur de laine est indispensable pour avoir un feutre qui se tient. Surtout, ne pas oublier de croiser les fibres. Est ce que tu ressens la douceur de la laine ?

Mouiller à l’eau chaude savonneuse

Quand on a posé la laine, il faut la mouiller à l’eau chaude savonneuse et retirer tout l’air qui se trouve entre les fibres. Quand la quantité de laine est très épaisse, c’est plus difficile de faire partir l’air. Il faut beaucoup mouiller mais pas trop. C’est une question de dosage.

Rouler la laine

Pour que la laine se feutre, il faut la rouler d’abord délicatement une bonne centaine de fois dans tous les sens. Ce n’est pas la partie que je préfère car elle est longue et fastidieuse. C’est souvent durant le roulage que j’ai mal au dos. Il faut que la hauteur de la table soit bien adaptée et je crois que la mienne est encore trop basse.

Pour feutrer la laine, j’utilise du savon de Marseille et de l’eau chaude. Il faut frotter, frotter avec le savon pour ouvrir les écailles de la laine. L’action combinée du savon de l’eau chaude et du frottement permettent au tissu de se faire.

Le foulonnage

Une fois que les fibres sont bien accrochées entre elles, il s’agit de renforcer le feutre c’est pour cela que le feutre est tapé sur la table jusqu’à ce que le tissu rétrécisse. On appelle cela le foulage ou le foulonnage. En moyenne, la nappe de laine rétrécit d’environ 30% selon la race du mouton.

Régulièrement, il faut réchauffer la laine dans l’eau savonneuse. C’est une bonne activité pour avoir les mains propre. On devrait tous apprendre à feutrer la laine au lieu de se passer du gel hydroalcoolique. Ca permet aussi d’avoir des accessoires écoresponsables.

A force de mouiller, taper, frotter, on finit par avoir une matière qui se tient. Si plus aucune fibre ne se détache, lorsque l’on tire dessus, alors le feutre est prêt à être travaillé. Si ce n’est pas le cas, on recommence à taper, frotter, étirer pour vérifier si tout est bon.

Une fois que mon cône est fait et bien fini de feutrer, je le rince correctement à l’eau froide pour bien resserrer les écailles.

Pour compléter le travail, je passe la laine feutrée dans un bain d’eau vinaigrée pour remettre un PH neutre. Le savon ayant un PH basique, on le neutralise ainsi avec le vinaigre qui est acide.

La mise en forme

Maintenant que le cône de feutre est fait, il ne reste plus qu’à lui donner la forme d’un chapeau. Une fois de plus, je travaille avec des outils anciens. Le métier de modiste fait parti des métiers reconnus comme métier d’art. Pour faire des chapeaux, la modiste travaille sur des formes en bois sur lesquelles elle étire le feutre pour lui donner la forme voulue.

Forme en bois

Pour protéger mes formes anciennes, je les entoure de plastique. C’est la seule concession que je fais pour le moment, mais ça me coûte. Je me libère du plastique et je réfléchis à comment supprimer celui là sans abîmer mes formes.

La forme est posée sur un pied que l’on appelle un gigolo.

L’étuve

Pour travailler le feutre, la modiste passe le cône de laine à la vapeur. Quand la laine est chaude, il est possible de tirer sur le feutre et lui donner sa forme.

Je me suis fabriquée une étuve avec un barbecue et un stérilisateur.

Mon cône de laine fabriqué avec la laine des moutons, je le transforme en chapeaux comme le fait toutes les modistes et les chapeliers en le passant à la vapeur et en l’étirant sur une forme.

Mon chapeau sera unique parce que mon cône est unique.

Que ce soit un feutre acheté ou un feutre fabriqué, la création du chapeau est la même. Le feutre, une fois passée à la vapeur, est étiré sur une forme en bois ou autre. Il existe des formes en bois, en métal ou en plastique.

Quand je moule un chapeau, je pense aussi que certains préfèrent un coté plus classique mais j’en ferai de moins en moins car je m’éclate plus à faire des chapeaux féeriques, fantasy et loufoques. Le monde est trop triste pour que je reste classique.

Des fois, je forme le chapeau à main levée pour lui donner une forme plus originale.

J’aime bien cette sensation que tout est fait dans ma tête et que je vais transmettre mes idées à une autre tête par l’intermédiaire du chapeau.

C’est dans ces moments que je crée des chapeaux un peu fou. Celui qui le recevra aura la même idée loufoque qui lui sera transmise par le chapeau.

Le chapeau féerique est plutôt un travail de sculpture. Même si je fais le chapeau avec une base en bois, je sculpte la laine avec les mains pour obtenir la forme que je souhaite lui donner. Il n’existe pas de moule qui corresponde à ce que je veux. Les formiers fabriquent des moules mais comme je ne fais pas la même forme chaque fois, il ne me servirai pas.

Nous verrons dans un prochain article comment on « tire » un chapeau.

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